fbpx

Traverser son ombre pour atteindre sa lumière …

Qui d’entre-nous ne cherche pas le déclic qui mènera vers un bonheur total et à coup sûr?

Avez-vous remarqué que quel que soit le secteur de notre vie où cela nous questionne, nous nous sentons en manque? Quelque chose fait défaut à l’intérieur et, dans une sorte de confusion, nous convoitons la recette du changement à l’extérieur. Parfois jusqu’à nous mettre en danger. Car dans un monde où la logique mercantile fait règner la loi de la performance, du toujours plus, de la comparaison, nombreux sont ceux qui se frottent les mains à l’idée de vendre LA solution. Parmi eux, les “gourous” de la méthode miracle, bonne à tout et à tous, à laquelle nous abandonnons notre pouvoir, oubliant que la solution est en chacun de nous. Aurions-nous oublié à quel point nous sommes tous exceptionnels?

Facile à dire? Répondrez-vous. Je suis d’accord … mais vous avez toujours la possibilité de lire la suite …

La solution est en nous mais nous ne la voyons pas. Qu’avons-nous perdu de nous-mêmes? Et pourquoi?

Nous avons appris à vivre en quête d’absolu, dans un monde dont nous semblons ignorer qu’il est relatif. Or, rien ne peut exister sans son contraire. Absolument rien ne serait perceptible ni envisageable, sans que co-existent les extrêmes au sein du tout. Le bien ne peut exister qu’en regard du mal. Le grand est grand parce qu’il cohabite avec le petit. Le beau n’est perceptible que par comparaison au laid.

Si nous ramenons ce principe à l’échelle de ce que nous vivons au quotidien, nous nous rendons vite compte du fait que, dès notre plus tendre enfance, on nous vend le mythe de l’absolument bon, de la perfection sans faille, de la félicité sans ombre, comme l’aspiration suprême. Un but à atteindre auquel nous avons totalement droit … à condition d’en avoir les moyens.

Et nous voici engagés dans une course qui n’a pas de ligne d’arrivée, tout simplement parce que nous sommes placés dans la mauvaise course.

Comment l’expliquer?

Sous la pression d’une société qui fixe les critères par lesquels nous serons acceptés ou rejetés, nos parents et éducateurs véhiculent cette croyance générale qu’ils ont eux-mêmes intégrée et, dès notre arrivée, nous voici soumis au dictat de l’effort à fournir pour correspondre à un désir qui ne nous appartient pas, quand ce n’est pour paraître le meilleur, le plus beau, le plus grand. C’est une loi psychosociale à laquelle personne ne semble pouvoir se soustraire. Voici que nos parents et éducateurs nous somment plus ou moins explicitement de répondre à un critère global d’où tout défaut, tout travers, toute ombre, doivent être exclus, sous peine de passer eux-mêmes pour de mauvais sujets au regard de l’ensemble. Et pour comble, il faut nier nos émotions. Être heureux avec un mode d’emploi pour le moins défaillant!

Chacun à notre façon, en réponse à des spécificités propres à notre famille, son histoire, ses exigences, les croyances qu’elle véhicule, nous mettons tout en oeuvre pour répondre à cette demande de perfection. Être irréprochable devient plus important qu’être Soi.

Évidemment, il ne s’agit pas d’accuser qui que ce soit. Nos parents ont eux-mêmes hérité un système de croyances qu’ils ne font que perpétuer sans aucune mauvaise intention … bien au contraire.

Que risque-t-on à vouloir passer au travers?

Dans notre coeur d’enfant, la question ne se pose absolument pas en termes volontaires. Nos parents représentent absolument tout. Ils sont les garants de notre survie. Et au détour de la moindre incartade, nous avons tôt fait de ressentir la désaprobation et d’imaginer la menace potentielle qui peut en découler.

Une menace illusoire. Un pur fantasme.

Le spectre du rejet, de l’abandon, donc du retour au néant se profile dans nos têtes d’enfants. Et nous savons tous que le cerveau ne fait aucune différence entre ce qu’il perçoit dans le réel et ce qu’il imagine.

Car au fond, combien de parents mettraient ces menaces hypothétiques à exécution? Personnellement, je n’en connais aucun. Mais dans l’esprit de l’enfant, ces dangers virtuels sont potentiellement opérants, donc vécus avec un fort sentiment de réalité dans leur capacité à nuire.

Ainsi, pour ces jeunes esprits qui fonctionnent dans le tout ou rien, qui sont encore trop peu entraînés aux nuances du monde, ne pas adhérer totalement au cahier des charges général, c’est risquer de tout perdre : l’amour de l’autre, la reconnaissance, la sécurité. Et ce, d’autant plus que le niveau d’exigence parentale est élevé. C’est un fait général où la pression est bien plus forte et soutenue qu’on ne le croit.

Ne pas être conforme au désir de l’autre et risquer la radiation?

Impensable!

Voilà pourquoi nous finissons par intégrer ces façons d’être à la demande du dehors. Or, des parties de nous menacent de rompre le pacte. Nous les ressentons confusément à travers nos désirs d’enfants. Le caprice, la colère, le sanglot, ne sont que la manifestation de l’émergence d’un désir prorpre. Bien vite réprimé par l’entourage. Vécu coupablement et avec crainte.

Plus ou moins conscients du potentiel danger qu’il y aurait à le laisser émerger, à le perpétuer, nous n’avons souvent d’autre remède que de renoncer à nous écouter, et à renvoyer nos velléités dans cet inconscient qui nous sert d’oubliettes.

Ces éléments refoulés deviendront une ombre. Ce terme à connotation péjorative ne fait qu’exprimer l’existence en soi d’un ensemble de principes vitaux tout à fait personnels, qui n’ont rien de terrible, mais qui sont vécus comme tel, n’étant pas conformes aux attentes extérieures. Ils doivent donc être inhibés sur-le-champ.

Première des conséquences.

Pour nous faire accepter, pour éviter la menace ultime, nous devrons élaborer nos propres stratégies afin de nous faire aimer coûte que coûte.

C’est ainsi qu’est façonnée notre personnalité. Notre masque. Notre Ego. Les termes abondent.

Pour se faire aimer et éviter le rejet, certains apprendront qu’il convient de ne pas se faire remarquer. Ne pas prendre de place. Une façon de répondre au fantasme qu’entretiennent certains parents à propos d’un enfant gênant, non désiré, ou qui sabote leurs plans d’adultes.

D’autres comprennent vite qu’il faut répondre à toute sollicitude du dehors. C’est l’enfant soigneur, soutien de ses parents, dont on attend qu’il comble le manque affectif du père, de la mère ; qu’il répare un couple défaillant. Un enfant qui, une fois adulte, sacrifiera sa propre vie à résoudre celle des autres.

Pour d’autres encore, la stratégie tourne autour de ce qu’il faut montrer au-dehors. L’apparence qui vient magnifier la visibilité d’une famille terrorisée par le jugement extérieur. Être le premier de la classe. Réaliser le parcours professionnel d’un père qui n’en a pas eu l’occasion, afin de clouer le bec aux médisances supposées ; afin de prouver au reste du monde, et par progéniture interposée, ce qu’un père, une mère, n’ont réussi à prouver par eux-mêmes. Cacher ses faiblesses physiques, matérielles ou émotionnelles. Et les possibilités n’en finissent pas.

En effet, la liste est longue. Interminable. Et quelle que soit la stratégie à perpétuer pour gagner son droit à l’acceptation, toutes supposent la répression d’une partie de notre nature, ainsi que l’appropriation et la mise en avant d’aspects qui ne nous appartiennent pas.

Mais encore …

Dès lors, nous déclenchons, bien malgré nous, toute une cascade de conséquences.

En apprenant à donner plus d’importance à l’opinion du dehors qu’à celle qui nous vient du dedans, nous devenons aveugles à ce que nous sommes vraiment, et vivons pendus au critère de l’autre, à son appréciation. Tout jugement devient, au mieux, une menace temporaire ; au pire, la promesse d’une condamnation définitive et intolérable. Privés de notre capacité à nous accepter le plus simplement du monde, nous donnons à l’autre tout pouvoir de nous évaluer … et de diriger nos critères, nos émotions … Notre destin.

Ce qui commence dès l’enfance se poursuit pour le restant de nos jours. Dès lors, l’autre devient et reste souvent le garant de nos états et ressentis intimes.

Tout à fait compréhensible quand on songe que “je ne fais que répéter un schéma ancestral à travers lequel je ne pouvais que donner raison à l’adulte dont je dépendais pour ma survie.”

“Au fond, cet adulte … n’a-t-il pas toujours raison?”

“Devenu adulte à mon tour, quel crédit j’accorde aux pensées, opinions, remarques, critiques de l’autre?”

Dans quelle mesure cela altère-t-il ma propre estime, mes comportements, mes décisions?

Suis-je totalement libre et affranchi de cela?”

Ainsi nous grandissons avec l’idée (la croyance) que nous ne sommes pas totalement adéquats. Il manque toujours quelque chose et de là, naissent la honte, la culpabilité, l’inhibition, qui ne sont que des corrolaires de la peur. La peur qui sert de combustible pour perpétuer et renforcer le schéma initial. Cela s’appelle un cercle vicieux.

Quelque chose cloche en nous, par défaut ou par excès. Quelque chose qu’il faut s’empresser de cacher ou qu’il faut compenser par l’exagération de son contraire.

Une réelle violence faite à soi-même.

Ces aspects de nous-mêmes, vécus comme étant trop dangereux à exprimer, ne resteront pas silencieux. Encore moins inactifs. Croyant en être débarrassés, ils se manifestent à leur façon, prêts à se raviver au moindre stimulus du contexte. Ce sera une émotion puissante, une réaction inattendue, une attitude, un comprtement, la répétition d’un vécu pénible sur lequel nous nous lamentons de n’avoir aucun contrôle. Au gré des circonstances extérieures, ce que nous pensons avoir vaincu en l’ayant simplement nié, reviendra de manière réactionnelle et avec une force qui nous laisse souvent démunis. Une force d’autant plus croissante que nous persistons à ne pas comprendre.

La projection de l’ombre à l’extérieur.

Ce que nous ne supportons pas ; qui nous fait sortir de nos gonds. Pourquoi le vivons-nous avec tant de réactivité? La réponse est que nous persévérons à enfouir au fond de nous, des aspects qui cherchent à vivre en dépit de nos efforts pour les taire. Une des nombreuses façons pour cette énergie de se libérer est la projection.

L’autre en qui nous percevons ces aspects inacceptables de nous-mêmes devient le conteneur dans lequel nous déposons nos déchets indésirables. Pour peu que nous percevions en lui des traits qui résonnent avec ce même aspect en nous, le voilà devenu la cible idéale de nos projections psychiques. Ce qu’il nous est difficile, voire impossible de reconnaître en nous, nous le percevons chez l’autre avec une aisance ahurissante, nous l’en accusons, et avec un degré plus ou moins marqué de virulence, nous le condamnons pour cela.

N’avez-vous jamais remarqué avec quelle facilité nous-mêmes, ou certaines personnes, tombons dans l’excès de démonstration?

“Moi? Jamais je ne ferai ceci … ou cela … C’est inacceptable …”

Et nous voici partis en croisade. Chacun possède ses propres causes. Cela procède du même mécanisme.

Vous est-il arrivé d’être témoin de telles démonstrations?

Et si oui, n’avez-vous jamais ressenti chez l’autre un fort désir de convaincre en arrière-plan?

Convaincre de quoi? Que ce qu’il perçoit au-dehors, chez l’autre, cet aspect si vil et tellement condamnable, n’existe surtout pas chez lui.

C’est ainsi que l’excès de démonstration, l’excès de réactivité dont nous faisons souvent preuve concernant tel ou tel sujet, révèle souvent, au fond de nous, l’existence de son contraire.

Aucun jugement dans mes propos. Nous fonctionnons tous comme cela. Il s’agit simplement de poser un peu d’attention sur ces dynamiques pour gagner en conscience. La conscience étant la première marche dans l’escalier de l’affranchissemment.

En projetant nos ombres personnelles, nous nous déchargeons de la responsabilité d’une part importante de nous. En niant cette moitié de nous, nous perdons une fameuse occasion de nous connaître.

Nous nous réduisons à la bonne moitié que nous présentons au monde, sans nous rendre compte qu’une grande proportion des motifs de demande d’accompagnement concerne ce fait précis : “Je joue un jeu. Je ne suis pas moi. Mes relations ne sont pas authentiques. Il y a un autre en moi. Je n’ai aucun contrôle sur ma vie, Je ne suis pas à ma place. Qui suis-je?”

Quelle que soit la formulation de la souffrance, son essence réside dans la semi-conscience de n’être pas complets. Pour cause! En reniant une part de nous, nous vivons en manque de nous.

Assumer la responsabilité de ce que nous sommes en totalité n’est pas toujours chose aisée. Mais n’est-ce pas le lot de toute responsabilité?

Nous savons tous que la contre-partie de la responsabilité est la liberté. Et la conséquence de la liberté est … le pouvoir.

Le pouvoir sur nous-mêmes et sur notre vie.

Mais cela a un prix.

Victimes des projections d’autrui.

L’autre mâchoire du piège réside dans ce que l’autre voit en nous. Car si nous projetons, l’autre ne s’en prive pas non plus. Et malgré toute l’énergie que nous dépensons pour cacher notre ombre, quelque chose transpire toujours à l’extérieur. C’est ainsi que nous sommes la cible de l’autre, au même titre qu’il fût la nôtre. Il se peut que nous n’en ayions pas conscience, mais le subconscient capte le moindre détail.

Songez à ce que sont capables de produire des critiques portant sur des aspects que nous nions absolument. La colère, la frustration, la tristesse, l’injustice, ne sont qu’un pâle aperçu. Faute de nous accepter totalement du dedans, nous voilà devenu le jouet des jugements du dehors.

Ce pouvoir que nous cédons au bon vouloir de l’autre nous rend d’une extrême vulnérabilité.

Au fond, bien malgré nous, nous entretenons notre propre malheur.

En déniant la “mauvaise” moitié de nous-mêmes et en refusant de valoriser la “bonne” moitié, nous nous empressons de combler le vide avec un “meilleur” qui n’existe pas dedans, et que nous posons au-dehors comme un masque censé nous définir complètement.

En nous imposant cet effort, nous nous mentons, nous faussons nos relations, et nous nous éloignons de notre propre alignement. Nous renonçons à notre exceptionnalité!

Et tout ceci constitue le système de pensées et de croyances sur lequel nous basons notre propre perception (impropre) et celle de l’autre (impitoyable, porteur de ce que nous ne voulons pas admettre et forément dangereux).

Que sont les croyances sinon des systèmes qui orientent nos pensées et à travers lesquelles nous évaluons le monde qui nous entoure?

Notre propre réalité n’est que le résultat de ces croyances.

Celle dont il est ici question nous fait supposer d’emblée que nous sommes très loin d’avoir ce qu’il faut pour plaire totalement.

Tout ce que je pense, fais, dit, vis, vient confirmer ma croyance. Et je ne perçois du monde que les éléments qui viendront lui donner raison. C’est ainsi que ma réalité correspond point par point aux pensées et croyances que j’entretiens sur moi, les autres, le monde.”

Le jeu en vaut-il la chandelle?

Comme dans tout jeu, il y a des pertes et des gains.

Au sein de ce schéma psychique inconscient, nous gagnons la possibilité de nous sentir plus ou moins purs. Mais qui perd gagne, de même que qui gagne perd. Toute chose possède en elle le germe de sa contrepartie et la vraie question à se poser sera de savoir combien de temps tiendra l’illusion.

Ainsi, lorsque ce temps s’achève, la question restante est “Que perdons-nous?”

Tout d’abord, l’occasion d’être authentique vis-à-vis de soi et des autres.

Puis l’opportunité unique de nous connaître à travers l’autre en tant que miroir de nous-mêmes.

Enfin, et ce n’est pas rien, l’accès direct à un ensemble de potentialités uniques.

En cessant de nous nier, nous reconnaitrions l’autre en nous-mêmes et nos projections s’évanouiraient.

Qu’adviendrait-il de notre intolérance vis-à-vis de l’autre?

Que deviendrait notre propre intolérence vis-à-vis de nous-mêmes?

Alors tout un potentiel serait libéré, et il ne nous resterait qu’à agir comme si tout était possible …

Il n’y a pas de lumière sans ombre et pas de totalité psychique sans imperfection. La vie nécessite pour son épanouissement non pas de la perfection mais de la plénitude. Sans imperfection, il n’y a ni progression, ni ascension.”

Carl Gustav Jung

Et si, à l’instar de ce que nous dit Jung, la clé de tout bonheur durable résidait simplement dans la totale acceptation de soi?

Voici l’angle d’attaque pour abolir toute la chaîne de conséquences que nous venons de décrire.

L’acceptation de notre propre humanité.

Aucun bonheur durable n’est possible sans acceptation totale de soi – L’Ombre et la Lumière.

Ce n’est pas en regardant la lumière qu’on devient lumineux, mais en plongeant dans son obscurité. Mais ce travail est souvent désagréable, donc impopulaire.”

Carl Gustav Jung

Changer?

L’immense majorité des stratégies d’accompagnement est basée sur cet objectif. Le changement.

Or, envisager celui-ci comme unique but à atteindre, n’est-ce pas admettre que nous sommes incomplets? Que quelque chose manque en nous?

Les adeptes de la physique quantique (une approche sur laquelle je compte partager à l’avenir) vous dirons que si vous résonnez le manque, vous recevrez le manque. Et le système se nourit, se perpétue, se renforce, éloigant du même coup toute chance d’accès au changement tant convoité.

Pour ma part, et aujourd’hui, je dirai que le fait d’axer l’attention sur l’unique changement renforce la vision incongrue que nous avons de nous-mêmes. La croyance de l’inadéquation renforce le système du manque, qui n’a alors aucune raison de déserter notre réalité.

En considérant le changement comme but à atteindre sans donner la priorité au processus d’acceptation de nos aspects reniés, ne sommes-nous pas en train de construire et perpétuer notre propre destinée, jour après jour?

Tout ce qui ne vient pas à la conscience … Ce qu’on ne veut pas savoir de soi-même … Ce que nous évitons de reconnaître en nous-mêmes, nous le rencontrons plus tard sous la forme du destin.”

Carl Gustav Jung

Quelle pourrait être la solution?

Rappelez-vous! Nous avons évoqué le fait que nous vivions en quête d’absolu dans un monde relatif. À ce stade, qu’est ce que cela suppose?

Une chose toute simple que nous semblons avoir oublié depuis la nuit des temps : Nous sommes tout et son contraire. Observez le monde qui nous entoure et vous comprendrez que nous retrouvons ce principe dans chaque parcelle de l’espace où nous baignons.

Tout ce qui existe est polarisé. Les atomes (charges positives – charges négatives), l’économie (riches – pauvres), le climat (chaud – froid ; sec – humide) et nous pourrions multiplier les exemples à l’infini. Au sein de toute chose, chaque aspect quel qu’il soit, n’existe qu’en relation à son contraire.

Une pièce de monnaie n’est autre que la combinaison de “pile” et “face”.

Le tout est contenu dans le tout.

C’est une loi universelle à laquelle rien ni personne n’échappe.

Ainsi, ne suis-je altruiste qu’en raison de ma capacité à être égoïste.

Je suis capable de sérénité parce qu’en moi existe aussi le germe de la colère.

Voulez-vous d’autres exemples?

Que pensez-vous de : triste – joyeux ; généreux – radin ; vaillant – paresseux ; courageux – craintif ; combatif – lâche ; etc?

L’humain … Encore un élément de l’univers qui concentre à lui seul une infinité de polarités.

On ne peut voir la lumière sans l’ombre, on ne peut percevoir le silence sans bruit, on ne peut atteindre la sagesse sans folie.”

Carl Gustav Jung

Comment remédier à des années de programmation?

Au fond, tout se résume à ceci :

Nous sommes des êtres de dualité.

Nous recherchons l’unité de nous-mêmes, en ayant beaucoup de mal à la trouver.

Si nous nous penchions sur la question de la manière la plus authentique qui soit, nous verrions que chaque injonction à être ce que nous ne sommes pas vraiment, ou à cacher ce que nous sommes profondément, fait porter une ombre sur notre lumière originelle.

Ces aspects que nous croyons terrifiants, posent une chape sur notre vraie nature dont la lumière reste empêchée. Dès lors, nous ne pouvons plus briller totalement.

Cela veut dire également que l’acceptation totale de ce que nous sommes, semble la seule voie pour dissoudre les ombres qui parasitent notre rayonnement originel.

Conditionnés par des années de croyances, la partie ne semble pas aisée. Et pourtant !…

Alors par quoi commencer?

C’est, en effet, toute la question.

Il n’y a pas de meilleure option que d’entamer la tâche en faisant un voeu d’honnêteté envers soi-même.

Difficile? Douloureux?

Je préfère employer le terme “salvateur”.

La norme sociale a fait de nous des “handicapés” de l’émotion. Pour nier cette ombre en nous, il faut étouffer les émotions désagréables. Ces émotions qui ne sont que les messagers amis de nos désalignements. Et la norme fait tout pour diaboliser ces ressentis parasites, qui signalent précisément ce que nous nous acharnons à ignorer. Des tendances, des appels, des désirs, des envies … et toute chose incompatible avec l’image de perfection que nous nous obstinons à vouloir afficher.

S’engager sur le chemin de l’acceptation totale de soi ne peut débuter que par l’écoute de ce qui bouge émotionnellement en nous. La prise en compte honnête de nos ressentis concernant notre existence quotidienne est un pré-requis nécessaire et puissant. Le corps ne ment pas.

Partant de là, pourquoi ne pas ré-apprendre à écouter et à maîtriser cet extraordinaire instrument de mesure de nos états internes afin de calibrer notre vie?

Quelles sont les situations dans lesquelles je me sens lourd, triste, angoissé, sans énergie, dépourvu de toute vitalité? En un mot, qu’est-ce qui déclenche mes peurs?

D’un autre côté, si je me laissais aller aux rêves les plus insensés, quel projet pourrait me procurer des sensations agréables? Quelle perspective ferait naître la joie, la légèreté, l’envie, la gratitude? En un mot, qu’est-ce qui suscite en moi un fort désir éprouvé au creux du ventre?

Vous voici sur la voie … Car en éprouvant la joie, c’est une part profonde de vous-mêmes que vous laissez émerger. Vous venez de connecter avec un aspect oublié de votre être le plus profond.

Inavouable, mais qu’importe. Car en pensée, tout est permis.

Et la culpabilité alors?

Avoir osé imaginer l’inavouable?

En effet, il serait étonnant que la visualisation de rêves insensés ne déclenche pas ce sentiment d’illégitimité. Pour peu qu’on ait osé penser trop fort à un projet fou ; pour peu qu’on se soit laissé aller à envisager cela comme un projet à matérialiser, votre mental ne tardera pas à vous signaler l’effronterie et la méprise.

Impossible! Que dirait-on de moi.

Irréalisable! Je ne suis pas capable.

Impensable! Je ne le mérite pas.

Tellement contraire aux croyances.

Notez cependant l’ordre des choses : En vous laissant aller au “rêve”, le premier sentiment qui affleure est la joie. Ce n’est qu’ensuite qu’apparaissent le jugement, la frustration, le sentiment d’incapacité, la culpabilité et la négation. Or l’émotion, le coeur, la part authentique de soi est la plus rapide. En revanche, la part mentale qui censure est plus lente.

Avez-vous remarqué que dans une situation quelconque, la première impression que vous avez est la meilleure? Que bien souvent, la raison qui suit cette première intuition tend à vous contredire? Et combien de fois vous êtes-vous dit finalement, que vous auriez dû écouter votre première impulsion?

Voilà un clair exemple de notre tendance à écouter la tête (nos croyances, nos programmations) en rejetant le coeur (cette vérité qui émerge de vos profondeurs d’une manière fulgurante et tellement vraie).

Quant au mental, il possède tout un cortège de saboteurs qui savent très bien discréditer nos intuitions les plus porteuses. Juste ce qu’il faut pour nous maintenir collés aux croyances qui dirigent notre vie.

Ces parents que nous ne connaissons jamais …

Dès la naissance et durant une grande partie de notre enfance, notre conscience est trop peu mûre pour jouir d’un discernement sans failles et parfaitement réaliste. Difficile à ces âges de contempler le réel avec toute la palette de nuances qu’il nous présente, d’autant que notre vision tend à se fonder sur l’imaginaire, tout en étant absolue. Ainsi nous imaginons nos parents comme la solution idéale à toute notre existence, de la même façon que, d’une seconde à l’autre, ils peuvent devenir les acteurs de notre pire enfer. Ce sont des figures tour à tour déifiées et diabolisées.

L’abandon de cette vision clivée, une fois devenus adultes, n’est pas une évidence. Sans nous en rendre compte, nous perpétuons cette image de parents mi-Dieux/mi-démons, et nous la transférons à l’ensemble du tissu socio-relationnel au sein duquel nous évoluons. C’est ainsi qu’encore aujourd’hui, notre imaginaire infantile nous retient dans la fausse perception du chef, du conjoint, du policier et de toute figure à laquelle nous attribuons le pouvoir de nous juger et de … nous anéantir.

Le fantasme est puissant et ne peut être affaibli que par la vision réaliste de l’autre, en toute conscience. Car il faudra bien reconnaître que, loin de l’image que nous nourissons de façon imaginaire, cet autre réel auquel nous attribuons tant d’autorité, est loin d’être ce que nous nous laissons aller à penser de façon purement automatique.

Nous avons tous nos croyances, nos pensées, nos peurs et nos stratégies. N’en déplaise à tous ceux qui se croient au-dessus de tout cela.

Lorsque vous saluez votre directeur chaque matin, comme vous, il cherche à être aimé, apprécié, reconnu. Derrière les apparences de maîtrise, d’inaccessibilité, de fermeture qu’il affiche, il y a un être dont la quête absolue ne concerne que l’amour et la reconnaissance. Comme vous!

Le masque et la stratégie, ne sont que des costumes de perfection fondés sur la peur, et qui dissimulent le vrai en nous que nous refusons de reconnaître et d’exprimer librement.

Or, découvrir que cette vérité concerne tout un chacun, vous soulage du poids de paraître.

Elle remet l’autre à sa juste place … c’est à dire, au même niveau que vous.

Pensez-vous que l’autre restera campé derrière son personnage une fois que vous aurez montré vos tripes?

L’authentique appelle l’autentique. Le spontané appelle le spontané. L’amour appelle l’amour.

Au fond, ce que l’autre attend de vous, ce n’est pas la perfection. C’est que vous lui montriez votre totalité pour lui donner l’occasion de vous offrir la sienne. En vous plaçant sur le chemin de l’acceptation, vous permettez à l’autre de s’ouvrir à lui-même … et donc à vous. En toute spontanéité.

Lorsque les masques tombent, la connexion devient possible entre deux êtres qui acceptent de se montrer mutuellement, sans tricherie, sans mensonge, sans costume de carnaval.

S’embrasser dans sa totalité …

L’ombre et la lumière ne sont pas si disjointes qu’il nous plait souvent de le penser. Elles sont l’envers et l’endroit d’une même étoffe.”

Léonora Miano

L’arbre existe tel qu’il est. Il se fiche de savoir si le voisin a plus de feuilles ou de racines ; si son tronc est plus gros ou ses branches plus hautes. Il accompagne le rythme des saisons en acceptant les conditions que lui imposent son milieu : l’adversité des tempêtes comme le don de l’eau ou du soleil dont il a besoin. À chaque automne, il perd sa subtance qui nourit et fertilise le sol dans lequel il est enraciné. À chaque printemps, il renaît de sa léthargie hivernale et de sa propre putréfaction automnale. Il EST.

Le tigre effraie par son potentiel de tueur, mais il suscite l’admiration par sa force, sa démarche souple et élastique, son pelage harmonieux et sa force brute, son indolence et sa vivacité, son calme et sa fougue. Cet ensemble de contraires qui l’équilibrent dans sa perfection. Il subit la pénurie mais lutte pour sa survie. Il s’intègre parfaitement à son milieu sans se poser la moindre question sur le bien et le mal. À chaque instant, il s’affranchit du passé et n’anticipe aucun futur. À chaque jour suffit sa peine et dans un contexte où tout peut sembler perdu, il resaisit son existence sans prêter attention à ce qui ne relève pas strictement de son désir de survivre ici et maintenant. Il EST.

Avant d’être des créatures de culture, nous appartenons à la nature. Comme l’arbre, comme le tigre, notre nature vivante nous offre les ressources physiques, mentales, pour être ce que nous avons à être, dans l’acceptation totale de nos aspect les plus merveileux, comme de nos facettes les plus ombrageuses. Bien sûr, il ne s’agit pas de se laisser aller à des instincts sinistres. Cela n’appartient pas à notre nature. Lorsqu’un homme manifeste l’intolérable, c’est toujours par un manque insondable d’amour et de soi-même. Pour l’immense majorité d’entre-nous, il s’agit de simplement reconnaître que nous possédons ce qui peut nous rendre exceptionnels à condition de tout prendre, tout garder, sans ne rien omettre ou occulter.

Songez à tout ce qui pourrait s’inverser dans notre vie si nous pouvions nous affranchir de nos croyances en ce qui nous concerne.

Ne voyez-vous pas émerger les prémices d’un authentique processus de libération?

Processus et libération? – Deux termes clés.

Pourquoi libération?

Rien de mieux pour vous répondre que cette citation de Neale Donald Walsch :

Ce n’est que lorsque vous n’aurez besoin d’aucune approbation de l’extérieur […] que vous vous appartiendrez.”

Et qu’en est-il du processus?

J’insiste sur ce terme. C’est bien d’un chemin qu’il s’agit, plus qu’une quête effrénée de changement.

Le but n’est pas, et ne doit pas être le changement.

Désirer cela avant toute chose, c’est admettre notre inadéquation. Rien de mieux pour entretenir la croyance. Rien de tel pour construire notre réalité sur des bases inchangées.

L’objectif est la propre acceptation de soi et le désir de vivre chaque jour en accord parfait avec ce que nous sommes. C’est cela qui va permettre la naissance de quelque chose d’essentiel en nous.

Si j’apporte à mon système ce que je suis, que je niais être moi mais que je finis par reconnaître, je ne suis plus séparé d’une partie de moi. J’accepte ma totalité et je m’en fais toute une joie.

Alors une fois réunifié, je ne suis pas seulement la simple addition entre une moitié tolérée et celle que j’ai fini par accepter. De l’intégration de ces deux parties naît un surplus qu’il est impossible de quantifier, mais qui ouvre des portes insoupçonnées.

La création d’un troisième terme qui n’est autre qu’un moi complet, authentique, ayant toute capacité pour faire de ces ombres jusqu’ici présumées, des trésors pour sa vie et celle des autres.

Les alchimistes parleraient de transmutation de l’ombre en lumière.

La transformation du plomb en or!

Le changement arrive … sans que nous ayons à nous focaliser dessus ou à le désirer en excès..

L’essentiel est de penser, vivre, parcourir et ressentir le processus d’acceptation.

L’important est d’en faire une source de joie et de gratitude. Une vraie retrouvaille avec soi-même!

Le résultat viendra de lui-même comme la conséquence logique d’une sagesse retrouvée.

Celle du passage de l’être séparé que nous étions, à l’être unifié que nous nous permettons d’être enfin.

Pour mettre un terme à notre propos …

Sans doute, à la lecture de ce texte, sentirez-vous que vous avez acquis assez de conscience pour vous permettre de bouger vers plus d’unité.

Il se peut que, convaincu par ces arguments, quelque chose ait bougé en vous et que vous sentiez naître un élan pour marcher seul sur un chemin d’acceptation. Certaines prises de conscience suffisent parfois à inverser une tendance tenace. Un déclic qui change tout!

Ou peut-être sentirez-vous le besoin de vous faire accompagner, ici ou ailleurs, aujourd’hui ou demain, d’une manière ou d’une autre.

Quoi qu’il en soit, voici présentées les bases d’un processus libérateur.

Délestés du poids d’être parfaits, nous pouvons enfin nous laisser aller à être nous-mêmes, entiers, assumés, responsables et donc libres. Et c’est dans ce lâcher-prise que la perfection apparaît.

Étonnant paradoxe qui veut qu’en acceptant l’impur, c’est le pur qui s’exprime.

Délivrés du regard de l’autre qui n’est plus maître de nos ressentis, de nos émotions, de nos réactions, c’est le jeu qui cesse … pour laisser place au Je …

C’est alors que la vrai rencontre a lieu …

La rencontre à soi.

La rencontre à l’autre.

Libérés de la contrainte du paraître, c’est là, et seulement là, que nous nous donnons le droit à être …

Mais pas seulement!

Car si Être est un droit, c’est aussi un devoir. Celui que nous avons tous envers l’Humanité.

Songez à la symphonie que pourrait être le monde.

L’Humanité est un orchestre.

Chacun de nous avons une partition à jouer, avec un instrument qui nous est propre.

Notre seule manière d’être “justes” dans notre prestation est de donner tout ce que nous avons en nous. Si chacun de nous tenait sa vraie place, le monde ne serait sûrement pas la cacophonie dont nous sommes tous les tristes témoins.

Un chemin interminable …

Aborder avec vous un tel sujet me procure une joie sans nom. Pourtant, ce n’est pas sans difficulté que se pose le choix des arguments et la nécessaire limitation à ce qui semble essentiel. Car tout est lié. Et en touchant au domaine de l’acceptation de soi, nous pénétrons dans un monde infini de sujets connexes qu’il est impossible de traiter d’un seul tenant.

Cela me permet de conserver intacte la perspective heureuse d’avoir tant et tant à partager avec vous dans les jours et les semaines à venir.

Histoire à suivre donc …

L’auteur
Juan Manuel Salido Pena
Coach de Neurosciences Appliquées