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De l’Ombre à la Lumière … PARTIE 4/4

Chers lecteurs,

Voici la suite et la fin de notre chemin.

Aujourd’hui, deux thématiques chères à mon coeur.

Il s’agit de la gratitude … dont nous ne soupçonnons pas le pouvoir.

Il s’agit également de l’opposition qui existe entre le point de vue que l’ego a du temps, et celui que nourrit le Soi. En cela, réside aussi les germes de ce qui peut nous amener à répéter inlassablement la même existence … ou, au contraire, nous en libérer.

Je n’en dis pas plus … et vous laisse vous pencher sur la lecture.

Vous verrez à quel point notre conception du temps peut revêtir des clés dont nous sommes loin de soupçonner le pouvoir sur nos vies.

ONZIÈME STRATÉGIE – L’EXIGENCE

Que nous le fassions consciemment ou pas, nous passons notre vie à exiger. Sans le savoir réellement, ou en le sachant parfaitement, nous avons très souvent le sentiment que la vie est injuste avec nous. Cela procède de l’ego qui aspire à plus. Plus de quoi ? Le sait-il vraiment ? Toujours est-il que son perpétuel sentiment de manque le pousse à compenser, quelle que soit la solution de compensation. Bien souvent, le sentiment d’insatisfaction opère par pure comparaison.

Pourquoi les autres et pas moi ?

C’est l’illusion dans laquelle nous nous trouvons enfermés lorsque le but n’est pas d’obtenir ce qui ferait vibrer notre Soi véritable, mais se transforme en objectif d’avoir autant, sinon plus que l’autre, pour asseoir le sentiment de sa propre valeur.

Séparés dès l’origine de notre Soi, de ce à quoi il aspire profondément, de l’accès au pouvoir de l’univers qui lui permettrait une parfaite réalisation, il n’est pas étonnant que nous soyons en constant état de frustration. Le Soi ayant été délégitimisé par les attentes et exigences du milieu, il fut relégué aux oubliettes au profit de la création d’un personnage plus conforme, car plus digne de l’amour conditionnel que nous avons reçu. Ce faisant, cet ego a coupé le Soi de sa source en attendant que celle-ci se branche sur lui, ignorant que son système de pensée reste incompatible avec ce que pourrait offrir cette source. Comment pourrait-il en être autrement lorsque l’ego croit s’auto-suffire … ?

Dans cet état d’esprit, aucune immunité contre la dépendance à autrui et au monde n’est possible.

Jamais satisfait, l’ego renforcera son attitude en demandant plus ; en exigeant plus.

Il finit par se vivre comme étant la victime perpétuelle, croyant que tout lui dû.

À croire que son but, plus que d’obtenir, est d’entretenir ce statut de victime et d’ayant droit, pour justifier son ressentiment, sa colère, sa haine, pour nous avoir séparé de cette source de pouvoir … de ce trésor en nous. Incapable de reconnaître cet auto-sabotage qu’il a lui-même créé et qu’il entretient, l’ego n’aura de cure d’en attribuer la faute au reste du monde … se condamnant à chercher des fautifs pour justifier sa soif de vengeance.

Le monde devient alors ce fautif. “Coupable de ne pas me donner ce à quoi j’ai droit, que j’ai en moi, que j’ai renoncé à me donner à moi-même sans vouloir en assumer la responsabilité.”

Insistons à nouveau sur cela : Au fond, cette culpabilité n’est rien d’autre que celle qui m’appartient de part en part, mais que je projette sur le monde.

ONZIÈME ALTERNATIVE – LA GRATITUDE

L’ego ne reconnaît pas la gratitude. Comment le ferait-il, persuadé qu’il est d’avoir un droit légitime à tous les égards, toutes les considérations ? La gratitude est une affaire du Soi. Lorsque vous êtes capables d’éprouver ce sentiment, c’est que votre essence commence à s’éveiller. Cultivez ce sentiment.

Un proverbe espagnol dit que “lorsque tu traverses un champs de citronniers, tu ferais mieux de faire de la citronnade.” C’est une façon amusante de nous dire que la joie ne réside pas forcément dans la réalisation fidèle et absolue des attentes que nous fixons dès le départ. Une façon de nous faire comprendre que l’ego passe sa vie à se plaindre de traverser un champs de citronniers, tout simplement parce qu’il avait décidé qu’il voulait boire de l’orangeade, coûte que coûte.

Le Soi peut très bien s’imaginer boire de l’orangeade et cultiver ce désir. Mais que croyez-vous qu’il fera lorsque la vie le mettra au milieu des citrons ?

L’ego a des idées très préconçues et très arrêtées sur ce qu’il voudrait. Et il désirerait que le monde s’adapte à ses aspirations. Quelle probabilité renferme cette possibilité ? Il est évident que ce système de pensée nous rapportera beaucoup plus de frustration que de satisfaction. Le Soi fait confiance à la vie. Rien ne l’empêche d’établir des objectifs, ni de se mettre en action afin de les réaliser. Ce faisant, il possède une foi suffisante pour savoir que le résultat dépend de forces qui le dépassent, même s’il est intimement connecté avec celles-ci. Il sait que ce flux en peut être que bienveillant ; que la vie s’organisera pour mettre sur sa route les éléments, personnes, situations, nécessaires à la réussite de sa fonction personnelle au sein du tout. Il sait qu’il n’a pas à attendre des citrons et que les oranges qu’il trouvera sur sa route conviendront parfaitement à l’élaboration de son projet. Ceci est le fondement du concept de lâcher-prise dont nous venons de parler.

En allant plus loin encore, nous pourrions même dire que le Soi sait que les choses dont il a besoin se mettront en place d’elles-mêmes, sans qu’il ait à les demander au préalable. Sa foi et sa confiance sont absolues. Ainsi, le Soi sait éprouver et exprimer la gratitude avant même que les choses arrivent. Un auteur inconnu écrivait que “Ce n’est pas le bonheur qui nous remplit de gratitude ; c’est la gratitude qui nous remplit de bonheur.”

Je vous recommande chaleureusement la lecture d’un livre de Rhonda Byrne intitulé “Le secret”.

Exprimer de la gratitude à l’avance est la force créatrice la plus puissante dans l’Univers.”

Neale Donald Walsch

DOUZIÈME STRATÉGIE – LE TEMPS : PASSÉ ET FUTUR

Avez-vous remarqué à quel point nous nions l’instant présent ?

J’admets que cette affirmation brutale peut s’avérer peu crédible. Je reconnais qu’elle peut générer de la perplexité. Et pourtant, amusez-vous à répertorier le temps que vous passez à penser au passé, ou à envisager l’avenir. Vous risquez d’être surpris.

Quelle importance ? Me direz-vous. Elle est pourtant capitale.

Nous avons vu que l’ego nous portait vers le manque et sa recherche effrénée de réparation. Jamais assez, jamais satisfait, souvent frustré, blessé, par soi-même parfois ; les autres et la vie souvent. L’ego cherche dans le passé un moyen de contrôler ses circonstances actuelles. Croire que le souvenir des expériences négatives permettra d’éviter l’erreur du passé est très convaincant pour l’ego. Rien ne lui dit cependant que les circonstances présentes ou futures seront exactement les mêmes. Par contre, il est certain que cela constituera une source de culpabilité et réveillera des sentiments d’inadéquation.

Beaucoup me jugeront à ces propos. Or dites-moi en toute honnêteté si la prise en compte du passé vous a souvent évité de répéter les mêmes erreurs dans votre vie.

Vous rétorquerez que le souvenir du passé permet de penser à des évènements heureux. Et je vous répondrai que vous avez entièrement raison. Mais combien d’entre-nous sommes capables de se référer à des souvenirs heureux sans que cela finisse par évoquer en nous la nostalgie d’un bonheur perdu, ou nous fasse éprouver la tristesse d’une perte ? Combien d’entre-nous pourrions affirmer jusqu’à quel point de tels souvenirs ne seront pas l’occasion de déboucher sur des réminiscences collatérales concernant toute sorte de rancoeurs envers d’autres personnes ou situations proches dans le temps ?

Pour aller plus loin dans notre propos, j’ajouterai que le passé n’existe plus. Cela étant, il n’est qu’une illusion qui justifie le besoin qu’a l’ego d’entretenir le sentiment de culpabilité et la peur.

Car, au fond, si nous n’avions plus ni l’un ni l’autre, combien de temps resterait-il à vivre à notre ego avant que nous ne partions rejoindre la puissance et la paix du vrai Soi que nous avons déserté depuis l’enfance ?

Qu’en est-il du futur ?

Rien de bien différent quand on pense qu’il n’existe pas encore et que toute spéculation à son sujet n’est que vaine illusion de contrôle sur ce qui pourra, ou pas, nous arriver. Il n’est pas exclus que nous nous prenions parfois à envisager le futur sous des feux de gloire et de joie qui, finalement … seront souvent déçus. Et avouons tout de même que la plupart du temps, c’est sous l’angle de la peur que nous le percevons.

Le concept d’instant présent ne signifie rien pour l’ego. Ce présent lui rappelle simplement les blessures du passé, et il réagit au présent comme si c’était le passé, ce qui lui fait envisager un futur déserté par l’espoir.

Autant dire qu’a travers la projection dans le passé, nous trouverons le moyen de renforcer notre culpabilité. Et que dans la vision du futur que nous avons l’habitude d’investir, nous trouverons la source de nos anxiétés. Dans les deux cas, nous aurons peur. Et nous articulons souvent l’un à l’autre. Car il faut dire qu’une incroyable dynamique mêle le passé et le futur.

La prise en compte du premier n’est qu’une tentative illusoire pour maîtriser le second. Et la tentative d’imaginer un avenir moins problématique que le passé n’est qu’une manière de compenser une histoire de douleur ou de frustration qui n’existe pourtant plus.

Concernant la relation à autrui, l’ego dicte nos réactions envers ceux que nous rencontrons, en prenant le passé comme référence. L’autre n’est pas considéré selon sa réalité présente, mais plutôt jugé et condamné pour ce qui n’existe que dans notre esprit. Autant dire que l’ego, par son prisme particulier, obscurcit ce qu’il prend pour la réalité présente. Nous ne voyons pas à quel point cela nous empêche de le reconnaître tel qu’il est … ici et maintenant …

L’ego prend l’enfer dans le passé, le porte au présent comme étant un avant goût diabolique de futur infernal. L’enfer n’est que ce que l’ego a fait du présent. Nous ignorons à quel point ce que nous recevons de lui n’est qu’un ensemble de messages provenant de notre passé que nous rendons réel dans le présent … parce que nous refusons d’en lâcher-prise.

Que notre relation au temps influe sur notre relation à nous-mêmes, sur celle que nous entretenons avec autrui, ou sur notre façon de nous inscrire dans le monde, notre refus à en lâcher-prise nous ferme la porte aux messages de libération que nous offrent les autres et le monde ici et maintenant.

Notre ego peuple notre esprit avec des ombres du passé qui n’ont de prise sur nous que parce que nous décidons de leur donner un caractère de réalité qu’elles ne possèdent plus.

Dans ce jeu entre les différents éléments du temps, le présent semble n’exister que comme un infime temps de transition entre un passé vécu dans la souffrance, afin de prévoir un futur qui doit forcément l’être autant, même s’il est espéré plus brillant. Et ce sont ces ombres passées qui nous dictent nos réactions d’attaque dans le présent. Comme s’il s’agissait d’une réponse punitive dirigée sur des cibles innocentes. Une vengeance présente en réponse à un passé révolu et perdu dans les limbes d’un souvenir brumeux et apeurant.

Autant dire que le présent est banni du système de pensée égotique.

Pourquoi en est-il exclus ?

L’ego a d’excellentes raisons pour cela.

Mais quelles sont ces raisons ?

Nous en avons déjà une certaine idée, mais je vous propose de mieux le comprendre dans le prochain paragraphe.

DOUZIÈME ALTERNATIVE – L’INSTANT PRÉSENT

Je préfère d’emblée vous orienter vers la lecture des ouvrages d’Eckart Tolle qui parlent merveilleusement des vertus de l’instant présent.

Pour ne pas vous laisser sans matière au cas où vous ne disposeriez pas de ces livres, je vous livre les points qui me semblent les plus importants.

Le Soi ne voit que le présent. Il est dans l’éternité.

Exemple de ce que l’on ressent quand on s’immerge dans une activité qui nous motive pleinement. Sensation d’abolition du temps. Sentiment d’inconscience de ce qui est réalisé. Impression que quelque chose se fait, à travers et malgré nous. Comme si nous n’étions, à ce moment très précis, que l’instrument de quelque chose qui nous dépasse.

Dans ces cas, le Soi est à l’oeuvre avec le concours de l’Univers. Nous nous trouvons dans un moment d’éternité. Et cela semble fonctionner tout seul.

Être en contact avec le Soi, c’est être hors du temps. C’est être dans l’instant présent comme s’il s’agissait d’un moment où le temps disparaît. C’est l’éternité.

Lorsque nous sommes gouvernés par le Soi, l’ego se tait. Et avec lui, l’attachement qu’il voue au passé n’a plus de prise. Cela abolit l’emprise d’une vision du passé visant à renforcer la culpabilité et à nous faire envisager un futur à son image : c’est à dire anxiogène, voire effrayant, dans la concordance parfaite avec nos expériences douloureuses ou frustrantes.

En nous inscrivant dans l’instant présent sous la direction du Soi et de ce qui le porte, je cesse de me voir, de voir autrui, de voir le monde, à travers le prisme déformant des expériences appartenant à un passé révolu.

Chaque instant dans cette éternité est un concentré de réalité où n’entre pas l’illusion de notre perception déformée par l’ego. C’est, de plus, un instant où tous les renouveaux sont permis, sous la direction de notre volonté. Comment ne pas jouir de notre absolu pouvoir de décision et de toute notre confiance lorsque nos buts ne sont plus soumis à la peur ni à la culpabilité que véhiculent les souvenirs d’antan ?

Je me perçois, je perçois autrui, je perçois le monde, indépendamment de ce qu’il fût, pour le considérer ici et maintenant, porteur de tous les potentiels, de toutes les promesses. Ayant déconnecté toute source de jugement, l’extérieur cesse de m’apparaître selon l’idée que je m’en faisais. Dès lors, il se présente comme un ensemble de fragments de réalité sur mon chemin qui, loin d’être là par hasard, appartiennent au champs des possibles qui soutiendra mon projet, mon chemin, mon but.

L’instant présent me permet de lâcher-prise sur toute forme de peur et de culpabilité. Alors il ne reste que la confiance et la foi pour un présent qui s’infiltre dans un avenir qui ne peut être perçu comme étant mauvais mais, au contraire, porteur et bienveillant.”

Que dire de ce que nous permet l’instant présent en marge de cela ?

Pensez que le monde est gorgé d’opportunités. Parmi elles, se trouve le meilleur de toutes les personnes que nous croisons. Croyez-vous que, ne scrutant que leur passé à la lumière des expériences négatives que nous en avons, nous soyons capables de considérer ce qu’ils peuvent recéler de mieux dans le présent ?

Notre expérience forge nos croyances. Or, nous faisons tout pour donner raison à ces croyances. Nous ne verrons du monde que ce qui peut nous confirmer que nous avons raison de nous en méfier. Voilà pourquoi l’ego, nécessiteux de maintenir ces pensées, ne tirera ses propres références que d’un passé révolu, donc forcément illusoire.

Traversant le présent sans le voir, nous sommes aveugles à toutes les perles qui viendraient infirmer nos croyances. L’ego fait ce qu’il faut pour que nous ayons toutes les raisons de croire que le présent est insignifiant. C’est ainsi que nous traversons un champs saturé de pépites, sans même les voir. Et lorsque nous les voyons, nos prismes perceptifs nous les montre comme des mines explosives.

Lorsque nous choisissons de faire l’échange de l’ego contre le Soi, nous échangeons la culpabilité, la peur, la haine, contre la joie, l’amour et la paix.

Le lâcher-prise sur la peur et le contrôle comme principale défense, permet d’accroître la confiance envers le Soi et la foi en l’impulsion de ce qui le dépasse. Nous faisons partie d’un univers qui n’est qu’abondance. Le Soi le sait et il ne peut que s’aligner. L’ego perçoit ces lois comme effrayantes. Il les interprète avec peur. Du même coup, il se prive de ses fruits, se plaignant par la suite d’avoir été oublié. L’ego attaque la réalité qu’il a lui-même construite, en criant haut et fort que son malheur est la preuve finale qu’il avait bien raison de condamner ce monde. Curieuse stratégie de survie à travers laquelle l’ego assure sa propre continuité en rendant le futur aussi noir que le passé, évitant ainsi le présent dans lequel il risquerait de ne voir que des circonstances heureuses justifiant sa propre fin.

En réalité, ces deux voix (ego et Soi) parlent simultanément en nous. Mais leurs interprétations de la même chose sont aux antipodes l’une de l’autre. L’ego fait allégeance à l’illusion et interprète faussement une réalité distordue. Le Soi reconnaît la simple vérité ici et maintenant, sans référence à quoi que ce soit qui sorte de l’instant présent.

Et là où l’ego s’impatiente de la venue de résultats qu’il imagine grandioses, le Soi nage dans cette patience infinie qui provoque des effets immédiats, qui apporte des résultats maintenant, faisant du temps une entité qui n’est plus vraiment nécessaire.

En dehors de la décision qui consisterait à percevoir le passé comme une illusion, il n’y a pas de moyen d’échapper à un futur d’illusions. C’est comme cela que nous perdons toutes les occasions de délivrance que nous offre le présent.

L’affranchissement ne peut avoir sa source dans le passé … Mais seulement dans le présent, seul capable de libérer le futur.

Qu’est-ce que le temps sans passé ni futur ?

Un présent qui s’étend à jamais.

Prenez l’instant même, ici et maintenant, et commencez à imaginer que c’est tout le temps qu’il y a.

Là où rien du passé ne peut vous atteindre.

Là où tout est envisagé sans filtres, sans illusions.

Là, donc, où ne peut exister la peur.

Alors vous parlerez le langage du Soi. Un langage que connaît parfaitement l’Univers qui en parle qu’au présent. Un langage avec lequel il vous répondra, dans un présent où chaque instant est une naissance. Un langage qui dissout la peur par laquelle l’ego voulait rendre le présent insignifiant. Aussi simplement que cela. Pas forcément facile … mais simple.

Laisse aller ce qui n’est plus. Laisse aller ce qui n’est pas encore. Observe profondément ce qui se passe dans l’instant présent, mais ne t’y attache pas. C’est la façon la plus merveilleuse de vivre.”

Bouddha

AU FINAL, TOUT SE RÉSUME À DEUX ÉMOTIONS

LA PEUR ET L’AMOUR

Au final, tout se résume à ces deux émotions. Chacune de ces énergies, nous l’avons vu, adopte de nombreuses formes. L’ego ne voit que la peur et attire à lui tous ses dérivés. Or, la peur ferme, contracte, garde, amoncelle, cache, blesse, empoigne quand l’amour ouvre, étend, donne, partage, révèle, guérit, lâche-prise. L’amour augmente en étant donné.

Les situations où nous percevons la peur sont nombreuses. Et nos réactions, nos attitudes, seront fonction du contenu individuel de ce qui la motive.

Parfois nous percevons l’amour. Pas celui qui comble l’ego. Celui-ci est exclusif et divise toujours. Je parle de l’amour authentique et universel. Et dans ces instants magiques, nous savons très exactement ce avec quoi nous sommes en contact. Alors nous avons un aperçu de ce que peut être le réveil du vrai Soi.

L’amour appartient au domaine du réel. Bien qu’il soit difficile pour l’ego de le comprendre, et surtout de l’admettre, la peur n’est qu’une illusion. Pourquoi ?

Parce que la peur et tout ce qu’elle englobe est faite des images personnelles, issues du passé, qui conforment un monde privé qui n’a de signification que pour celui qui a fait ces images. La peur tire sa force d’un passé propre à chacun qui ne correspond pas forcément au monde privé d’autrui ; encore moins à la réalité de tous. Comment penser que ces vues individuelles pourraient être échangées, comprises, ou partagées, sachant qu’elles ne sont signifiantes que pour celui qui les a faites et qui les vit ?

Voilà pourquoi la peur, peuplée d’images individuelles tirées du passé, nous divise des autres. L’ego ne voit dans l’autre ou dans la situation, que ce qui lui rappelle ces images qui, pourtant, ont cessé d’être réelles, si tant est qu’elles le furent un jour. Car notre passé, tel que nous le concevons, n’est souvent qu’une reconstruction de notre mental. Ainsi, nous n’entrons pas en relation avec l’autre réel, mais avec ce que cet autre nous rappelle imaginairement.

Ainsi, la projection construit une perception erronée, distordue, qui, non seulement établit une conception illusoire de la réalité, mais en plus, ne nous permet pas de voir au-delà.

C’est ainsi que l’ego se vit en perpétuelle situation d’être blessé, attaqué. C’est aussi pourquoi il culpabilise et réclame vengeance. Il ne conçoit pas l’erreur comme une chose à corriger. Son exigence va au-delà de la réparation. Il ordonne la punition. Il juge et condamne … sans appel.

C’est pourquoi face à la perception d’une attaque, il attaque à son tour, sans se rendre compte qu’il attaque ce qui n’est pas là … sauf dans ses propres fantasmes. Pas plus qu’il n’a conscience qu’en blessant l’autre, il s’en coupe, se blessant lui-même quand, précisément, il cherchait réparation d’un possible lien. Dans ce monde séparé de l’autre réel, bercé par les illusions de l’ego, l’amour ne peut entrer ni demeurer.

L’amour, au contraire, nous unit tous sur une longueur d’onde égalitaire.

L’amour se vit ici et maintenant comme une force universelle. Et contrairement à la peur, il n’a que faire du passé. Quoi qu’ait pu faire l’autre hier ; quoi que nous ayons fait nous-mêmes ; nous sommes des Hommes neufs à chaque seconde. Ressasser le passé est une punition pour soi-même que l’on croit infliger à autrui. Nous privant du meilleur de l’autre, nous fermons le passage au meilleur de soi, en justifiant notre décision sur la base de perceptions personnelles dont la signification est puisée dans un passé qui n’existe plus ; qui n’est donc pas réel. Funeste paradoxe !

Voilà pourquoi nous sommes aussi isolés de la réalité que si nous étions totalement seuls, dans un monde effrayant où nous ne voyons que la projection de nos propres peurs. Ainsi, croyant que nous pouvons faire un monde privé et gouverner nos propres perceptions, nous restons figés dans un monde ténébreux, refusant de cueillir la lumière qui brille partout en nous et autour de nous.

Préoccupés de notre propre peur, nous restons dans la prison de nos peurs.

Nous avons deux émotions. La peur, nous l’avons faite et pourrions la défaire. L’amour nous a été donné or, nous le nions. Chacune est une façon de voir le monde. Voir cela sous l’angle de l’ego ou sous celui du Soi n’est qu’une affaire de décision. Nier l’amour, c’est accepter de prolonger l’enfer. Nier l’ego, c’est reconnaître ce qu’un jour nous avons oublié que nous étions : des êtres qui renfermons l’univers en nous.

Il n’existe que deux énergies sur cette planète ; l’amour et la peur. L’amour c’est l’expansion, la peur c’est la contraction. Vous vivez avec ce libre-arbitre qui vous permet de choisir et de décider par vous-même.”

Sai Maa

C’est très gentil tout ça. Mais on fait comment ?

Il ne s’agit pas d’appliquer une recette.

Toute stratégie qui serait un simple copier-coller de quelque chose venant de l’extérieur ne tiendrait pas dans le temps. Seul ce qui est compris, intégré et dont on fait la réelle expérience peut être source de transformation.

Alors, plus que mille mots, je préfère vous concocter une citation qui me semble résumer l’essence de ce que j’aimerais vous transmettre. Je vous la livre pour que vous puissiez y penser … et ressentir.

Et si, à force de voir l’amour en soi et partout ailleurs, on déclenchait l’amour ? Et si, à force d’amour et de foi en ce que la vie peut faire pour nous, dès lors que nous nous reconnaissons comme ses enfants, on déclenchait l’éveil ? Et si, à force de déclencher l’éveil, on déclenchait l’amour ?

Auteur qui préfère ne pas se faire connaître

Je vous souhaite de joyeuses réflexions autour de ces sujets et, comme toujours, vous remercie d’avoir pris le temps de me lire.

À très bientôt pour de nouveaux mots …

La peur se brise contre l’amour et la foi.”

Abbé Pierre

L’auteur
Juan Manuel Salido Pena
Coach Certifié INA